Coup d’œil scientifique : Dr Kevin Schwartz – avancement de la recherche sur la gestion des antimicrobiens en Ontario
Profil
9 mai 2019
Le 6 avril 2019, le Dr Kevin Schwartz de Santé publique Ontario (SPO) s’est vu décerner le Prix du jeune chercheur par l’Association pour la microbiologie médicale et l’infectiologie Canada (AMMI) Ce prix vise à récompenser un jeune chercheur prometteur qui a déjà apporté une contribution importante à la recherche dans les domaines des maladies infectieuses ou de la microbiologie médicale.
Dr Schwartz est un médecin qui se spécialise dans la gestion des antimicrobiens et la prévention et le contrôle des infections. Depuis deux ans et demi, il travaille dans le domaine de la recherche auprès de SPO. Ses recherches portent principalement sur l’amélioration des données probantes et des connaissances en matière de santé publique concernant la gestion des antimicrobiens.
La gestion des antimicrobiens favorise l’utilisation judicieuse d’antibiotiques afin de limiter le développement d’organismes résistants aux antimicrobiens.
Dr Schwartz fait partie d’un programme de recherche de SPO qui étudie la variabilité de l’utilisation des antibiotiques. Ces recherches génèrent une solide base de connaissances sur la façon d’assurer la gestion des antimicrobiens et de ralentir la croissance de la résistance aux antimicrobiens afin de préserver l’efficacité des antibiotiques pour les futures générations.
Variabilité régionale de l’utilisation des antibiotiques
L’augmentation des taux de résistance aux antimicrobiens constitue une menace urgente pour la santé publique. Le principal facteur de résistance est l’utilisation inutile d’antibiotiques. Au Canada, 92 % des antibiotiques sont utilisés hors de l’hôpital, mais nous avons relativement fait peu de gestion des antimicrobiens hors de l’hôpital. Comprendre comment nous utilisons les antibiotiques et comment optimiser leur utilisation dans la collectivité est important pour promouvoir la gestion des antimicrobiens en Ontario.
Dr Schwartz et ses collègues de SPO, de l’Université de Toronto et de l’Institut de recherche en services de santé (IRSS) travaillent présentement sur le programme de recherche OPTIMIZE (Ontario Program To Improve AntiMIcrobial USE). Dans le cadre de ce programme de recherche, financé par la Physician Services Incorporated Foundation, ils souhaitent recueillir de meilleures données sur l’utilisation d’antibiotiques dans la collectivité, recenser les zones où l’utilisation est plus inappropriée et élaborer des stratégies visant à améliorer l’utilisation des antibiotiques qui rehausseront les résultats des patients et ralentiront l’émergence de la résistance aux antimicrobiens. À ce jour, le programme a démontré une variabilité régionale importante en matière d’utilisation des antibiotiques selon le bureau local de santé publique de l’Ontario. Cette variabilité ne peut pas être expliquée par les différences démographiques, ce qui semble indiquer que des améliorations sont possibles, en particulier dans les régions à forte utilisation.1
Variabilité de la prescription d’antibiotiques par les médecins
Une explication possible de la variabilité régionale de l’utilisation des antibiotiques est que celle-ci est attribuable à un nombre relativement limité de médecins qui en prescrivent beaucoup. Le programme de recherche OPTIMIZE s’intéresse également à la prescription d’antibiotiques par les médecins. À l’instar de l’étude précédente, le programme a également observé une grande variabilité entre le nombre d’antibiotiques prescrits par différents médecins en Ontario. Fait important, cette variabilité ne pouvait nullement être expliquée par les différences entre les populations de patients. Cela porte à croire qu’un grand nombre de prescriptions d’antibiotiques est motivé non seulement par le besoin du patient, mais pourrait aussi être lié à l’habitude du médecin d’en prescrire beaucoup.2
La prescription excessive est aussi constatée chez certains médecins qui prescrivent des antibiotiques pour des durées plus longues que nécessaire. Dr Schwartz a également effectué des recherches sur variation of the proportion of antibiotic prescriptions that are for a prolonged duration (en anglais). L’étude a montré que le facteur prédictif le plus important selon lequel un médecin prescrivait des antibiotiques pour de trop longues périodes était le nombre d’années écoulées depuis l’obtention du diplôme de médecine, ce qui indique qu’il existe des possibilités de réduire l’utilisation d’antibiotiques en Ontario en les prescrivant pour des périodes plus courtes.3
Combattre la résistance aux antibiotiques grâce à de meilleures pratiques de prescription
Forts de ces travaux, Dr Schwartz et ses collègues de recherche du Women’s College Hospital, de Choisir avec soin Ontario, de la section de la médecine générale et familiale de l’Ontario Medical Association et de Qualité des services de santé Ontario ont lancé une étude financée par les Instituts de recherche en santé du Canada sur les réactions comparatives entre pairs par rapport au plus haut taux de prescription d’antibiotiques en Ontario (en anglais).4 Le but de cette étude est de réduire une partie de la variabilité observée et l’utilisation inutile d’antibiotiques. Les médecins ont été choisis au hasard afin de recevoir l’un des deux envois suivants :
- la moitié des médecins ont reçu des documents de Choisir avec soin Canada sur le traitement antibiotique approprié pour le traitement des infections respiratoires aiguës;
- l’autre moitié a reçu des directives sur les durées appropriées de la prise d’antibiotiques.
En décembre 2018, les lettres ont été envoyées à 3 000 médecins. Dr Schwartz et ses collègues évalueront l’effet de ces lettres sur les résultats de la prescription d’antibiotiques, notamment le recours aux antibiotiques et les durées prolongées. Cette étude est susceptible d’améliorer la prescription des antibiotiques parmi les plus grands prescripteurs, tout en générant des données probantes importantes qui éclaireront les programmes de gestion des antimicrobiens à l’échelon local et à l’échelle nationale et internationale.
Pour obtenir plus de renseignements sur la recherche de Dr Schwartz, veuillez consulter son profil scientifique.
« Mon mandat à SPO me permet de faire progresser les données probantes et les connaissances en santé publique par l’étude de l’utilisation des antibiotiques en Ontario. Notre programme de recherche offrira des données probantes qui appuieront un programme de gestion des antimicrobiens dans la communauté, lequel améliorera l’utilisation des antibiotiques et ralentira le développement de la résistance aux antimicrobiens. »
Bibliographie
- Schwartz KL, Achonu C, Brown KA, Langford B, Daneman N, Johnstone J, et al. Regional variability in outpatient antibiotic use in Ontario, Canada: a retrospective cross-sectional study. CMAJ Open. 2018;6(4):E445-52. Disponible à : http://cmajopen.ca/content/6/4/E445.full
- Schwartz KL, Wilton AS, Langford BJ, Brown KA, Daneman N, Garber G, et al. Comparing prescribing and dispensing databases to study antibiotic use: a validation study of the Electronic Medical Record Administrative data Linked Database (EMRALD). J Antimicrob Chemother. 2019 Feb 25. [Diffusion en ligne avant l’impression]. Disponible à : https://doi.org/10.1093/jac/dkz033
- Fernandez-Lazaro CI, Brown KA, Langford BJ, Daneman N, Garber G, Schwartz KL. Late-career physicians prescribe longer courses of antibiotics. Clin Infect Dis. 2019 Jan 7. [Diffusion en ligne avant l’impression]
- Ontario Agency for Health Protection and Promotion (Public Health Ontario), Schwartz K; Canadian Institutes of Health Research; Health Quality Ontario. Providing antibiotic prescribing feedback to primary care physicians: the Ontario Program To Improve AntiMicrobial USE (OPTIMISE). Identifier NCT03776383. 2018 Dec 14 [cité le 25 avril 2019]. In: ClinicalTrials.gov [Internet]. Bethesda, MD: National Library of Medicine; 2000 - . Disponible à : https://www.clinicaltrials.gov/ct2/show/study/NCT03776383#desc
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