« Mais ce n’est qu’une toute petite aiguille… » : Regard sur le passé pour tirer des leçons en matière de prévention et de contrôle des infections
Histoire de la santé publique
26 oct. 2016
Les maladies propagées par le sang, comme le VIH/sida et l’hépatite B, ont été au cœur de la santé publique dans les années 1980 et 1990, en particulier dans le domaine de la prévention et du contrôle des infections. Nos expériences ont conduit à des modifications en profondeur des pratiques actuelles des professionnels de la santé. Le Dr Ian Johnson, médecin de santé publique à SPO, connaît très bien cette époque.
En 1996, une éclosion d’hépatite B a éclaté et elle a été liée à une clinique de neurologie à Toronto. Les infections provenaient de la contamination des petites aiguilles utilisées lors des électroencéphalogrammes (ou EEG), un test couramment utilisé pour mesurer l’activité électrique dans le cerveau. C’est le Dr Johnson, qui était médecin hygiéniste adjoint à ce moment, qui a mené l’enquête.
Ce fut une enquête complexe qui a nécessité de tenter de retrouver et de tester près de 20 000 patients susceptibles d’avoir été exposés. Tout en tentant de coordonner les mesures à prendre avec les agences de réglementation de la pratique médicale, de comprendre les ramifications juridiques d’un important recours collectif contre la clinique, et de répondre aux demandes constantes des médias et du public.
Bien que les pratiques de prévention et de contrôle des infections étaient bien comprises dans les années 1990, leur mise en application variait chez les cliniciens. Les petites aiguilles utilisées pour fixer des électrodes de l’EEG à la peau sont maintenant interdites en Ontario. « Cela a réveillé les gens, » explique le Dr Johnson. « Les gens ne se rendaient pas compte à quel point l’hépatite pouvait vraiment être infectieuse et que l’infection pouvait être causée par une très petite aiguille. Notre travail a contribué à beaucoup de changements en matière de prévention et de contrôle des infections en Ontario ».
Avec le recul, le Dr Johnson décrit l’émergence du VIH/sida comme un tournant dans la pratique du contrôle des infections. « Il y a eu un changement complet chez les cliniciens dans les années 1980 ». Il se rappelle que lorsqu’il était étudiant en médecine à Halifax dans les années 1970, les cliniciens avaient l’habitude de prélever du sang chez des patients sans mettre des gants et sans disposer d’un endroit pour jeter les aiguilles usagées en toute sécurité. « Cela était avant le sida et l’hépatite, avant que nous ne connaissions les précautions à prendre contre les maladies transmissibles par le sang. Il y avait un manque de connaissances, les gens ne savaient pas qu’il y avait un risque. Se piquer accidentellement par une aiguille faisait simplement partie du travail. »
Les services de santé publique ont joué un rôle de premier plan dans l’adaptation des pratiques de base en prévention des infections pour les fournisseurs de soins de santé, y compris l’utilisation de gants et de récipients spéciaux pour jeter les objets tranchants et les aiguilles. Après le sida, les médecins ont dû rapidement apprendre comment traiter différemment les patients séropositifs pour le VIH. « Mais pour la santé publique, nous disions d’appliquer les précautions universelles; d’adopter les mêmes mesures pour chaque patient. »
Même si nous pouvons jeter un regard rétrospectif sur nos succès au cours des dernières années, nous devons rester vigilants afin de prévenir les éclosions dans les établissements de soins de santé. Selon le Dr Johnson, l’objectif reste le même : « Tout revient à la meilleure façon de protéger le public contre les préjudices. »
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