Rapport sur les décès attribuables à l’intoxication par opioïdes chez les Ontariens ayant travaillé dans l’industrie de la construction

Communiqué

31 août 2022

Selon un nouveau rapport, entre 2018 et 2020 en Ontario, près d’une personne décédée de surdose d’opioïdes sur treize travaillait en construction, et plus de la moitié des travailleurs de la construction décédés étaient en emploi au moment de leur décès.

Le rapport révèle que, comparativement aux personnes travaillant dans d’autres secteurs, les décès par surdose d’opioïdes survenus parmi les travailleurs de la construction sont principalement dus à des drogues provenant du marché non réglementé, et non à des opioïdes pharmaceutiques prescrits pour soulager la douleur; la cocaïne et l’alcool sont généralement en cause.

Alors que la crise des surdoses d’opioïdes progresse rapidement au Canada, ces conclusions soulignent la nécessité d’agir à l’échelle de l’industrie pour lutter contre ce fléau.

Le rapport a été élaboré sous la direction de chercheurs du Réseau de recherche sur les politiques ontariennes en matière de médicaments (ODPRN) de l’Hôpital St. Michael, un établissement du Réseau intégré de santé Toronto, de l’ICES, du Bureau du coroner en chef de l’Ontario et de Santé publique Ontario.

« Les conséquences disproportionnées de la crise des surdoses d’opioïdes chez les travailleurs de la construction en Ontario requièrent une plus grande attention, a déclaré la Dre Tara Gomes, auteure principale du rapport, scientifique au Li Ka Shing Knowledge Institute de l’Hôpital St. Michael et à l’ICES, et chercheuse principale de l’ODPRN. Plus important encore, en dépit de la prévalence élevée de la douleur chez ces personnes, les opioïdes sur ordonnance ne sont majoritairement pas en cause dans cette industrie, où la plupart des décès sont dus à un mélange d’opioïdes, d’alcool et d’autres drogues. Cette tendance pourrait refléter la dépendance de ce groupe aux opioïdes illicites pour soulager les douleurs chroniques, dans un secteur où la culture de travail et la précarité d’emploi peuvent donner lieu à un sous-signalement des blessures et à des pressions pour limiter le temps de rétablissement. »

Les chercheurs ont identifié les travailleurs de la construction décédés d’une surdose d’opioïdes en Ontario entre le 1er juillet 2017 et le 31 décembre 2020. Était considérée comme un travailleur de la construction toute personne travaillant ou ayant travaillé en construction avant son décès, d’après les informations du coroner investigateur (ex. : métiers de la construction, utilisation d’engins de chantier ou manœuvres).

Durant les 30 mois de l’étude, 428 Ontariens de l’industrie de la construction sont décédés de surdose d’opioïdes, soit près d’un décès sur treize (près de 8 %). En comparaison, les travailleurs de la construction représentaient seulement 3,6 % de la population ontarienne et 7,2 % des travailleurs de la province en 2021. Selon de précédents rapports, un tiers des victimes de surdose d’opioïdes travaillaient en construction au moment de leur décès.

Grâce aux données de l’ICES et du Bureau du coroner en chef de l’Ontario, les chercheurs ont étudié les circonstances des décès et ont découvert ce qui suit :

  • Le rôle du fentanyl et de la cocaïne était significativement plus élevé chez les travailleurs de la construction que chez les travailleurs d’autres secteurs. En outre, l’alcool a directement contribué à un décès lié aux opioïdes sur cinq chez les travailleurs de la construction, un taux significativement plus élevé que celui observé dans d’autres secteurs.
  • Près de 80 % des décès liés aux opioïdes chez les travailleurs de la construction sont survenus dans des résidences privées, le plus souvent au domicile de la personne, rarement sur un chantier ou dans un hôtel ou un motel utilisé dans le cadre du travail.
  • Lorsqu’une autre personne était présente durant la surdose, l’administration de naloxone a légèrement diminué au fil du temps chez les travailleurs de la construction décédés de surdose d’opioïdes, ce qui laisse entendre qu’il faudrait améliorer l’accès à la naloxone dans cette population, notamment au domicile, et non seulement sur le lieu de travail.
  • Parmi les travailleurs de la construction souffrant d’un trouble lié à l’usage d’opioïdes décédés par intoxication aux opioïdes, seul un sur six suivait un traitement dans le mois précédant son décès, un taux plus faible que celui observé chez les travailleurs d’autres secteurs.

Le rapport décrit également les caractéristiques démographiques des travailleurs de la construction décédés de surdose d’opioïdes :

  • Près de 60 % d’entre eux étaient en emploi au moment de leur décès, contre 12 % chez les travailleurs d’autres secteurs.
  • On constate une forte prévalence de la douleur dans cette population – près de 80 % d’entre eux avaient une blessure ou une affection liée à la douleur dans les cinq ans précédant leur décès, un pourcentage équivalent à celui des travailleurs d’autres secteurs.
  • Les décès par intoxication aux opioïdes touchent majoritairement les personnes de 25 à 44 ans : près de deux tiers des travailleurs de la construction décédés se trouvaient dans ce groupe d’âge.
  • Plus de 98 % des travailleurs de la construction décédés de surdose d’opioïdes étaient des hommes, contre 72 % chez les travailleurs d’autres secteurs. Ce pourcentage est cohérent avec la distribution de la main d’œuvre par sexe dans l’industrie de la construction en Ontario.

Les auteurs du rapport réclament que les mesures prises à l’échelle de l’industrie tiennent compte des préjugés entourant la consommation de drogue, car ceux-ci peuvent empêcher les personnes de suivre un traitement et de recourir aux services de réduction des méfaits proposés par leur employeur. Pour lutter contre ces préjugés, les mesures doivent également améliorer l’accès à la naloxone, sensibiliser davantage la population aux risques de la consommation de drogue, notamment de plusieurs drogues, et réduire les obstacles qui entravent l’accès à un traitement fondé sur des données probantes – par exemple, lever l’obligation d’aller dans une pharmacie pour consommer une dose quotidienne de méthadone ou de buprénorphine sous surveillance médicale – et à des services de traitement de la douleur et de santé mentale.

« Le rapport révèle que de jeunes hommes continuent de mourir de surdose d’opioïdes évitables. À chaque décès, une personne perd la vie, une famille perd un être cher, une communauté perd l’un des siens et des collègues perdent un collègue et ami. L’élaboration de politiques visant à lutter contre les préjugés et à offrir des services de soutien et de réduction des méfaits sur le lieu de travail permettra de prévenir d’autres décès liés aux opioïdes », a déclaré le Dr Dirk Huyer, coroner en chef de l’Ontario.

Le rapport a été financé par le gouvernement de l’Ontario et les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC).

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Mis à jour le 31 août 2022