Baisse des taux de traitement du trouble d’usage d’opioïdes chez les ados et jeunes adultes malgré la hausse des méfaits liés aux opioïdes, selon un rapport

Selon un nouveau rapport, les taux de décès liés aux opioïdes chez les adolescents et les jeunes adultes de l’Ontario ont triplé de 2014 à 2021, et les visites aux services des urgences des hôpitaux attribuables à l’usage d’opioïdes ont quadruplé sur la même période. Parallèlement, les recherches ont permis de conclure à une diminution des taux de traitement du trouble d’usage d’opioïdes chez les Ontariens de 15 à 24 ans.

Le rapport (en anglais)<, dirigé par l’Ontario Drug Policy Research Network de l’Hôpital St. Michael, l’IRSS, le Bureau du coroner en chef de l’Ontario et Santé publique Ontario, analyse les données provinciales sur les soins de santé et les facteurs démographiques de 2014 à 2021 et cerne les tendances et caractéristiques de l’utilisation des soins de santé chez les adolescents et les jeunes adultes de 15 à 24 ans.

Les recherches ont révélé que l’utilisation des médicaments servant à traiter le trouble d’usage d’opioïdes (y compris la méthadone et la buprénorphine) chez les adolescents et les jeunes adultes a diminué de 50 % de 2014 à 2021. Les admissions en traitement résidentiel ont chuté de 73 % sur la même période.

« Le contraste de la baisse des taux de traitement du trouble d’usage d’opioïdes par rapport à la hausse des méfaits liés aux opioïdes chez les jeunes Ontariens est troublant », a dit Tara Gomes, enquêteuse principale de l’ODPRN et scientifique au Li Ka Shing Knowledge Institute de l’Hôpital St. Michael et de l’IRSS.

« Selon ce rapport, tant les ados et les jeunes adultes ayant un trouble d’usage d’opioïdes que les personnes ne consommant des drogues qu’occasionnellement subissent des méfaits, ce qui découle principalement du fentanyl dans l’offre de drogues illicites. Par conséquent, nous devons adapter nos soutiens disponibles en matière de traitement, de réduction des méfaits et de santé mentale pour qu’ils puissent répondre aux besoins et aux objectifs particuliers de notre jeunesse. »

Le rapport, fondé sur des données de l’IRSS et du « Drogue et alcool - Système d’information sur le traitement », a aussi révélé ce qui suit :

• Les décès d’adolescents et de jeunes adultes liés aux opioïdes ont augmenté pendant la pandémie (115 décès l’année précédant la pandémie par comparaison à 169 la première année de la pandémie). La plupart de ces décès ont touché le groupe des 18 à 24 ans.
• Le fentanyl a contribué directement à la vaste majorité des décès d’adolescents et de jeunes adultes liés aux opioïdes (94 %). Ce pourcentage a augmenté pendant la pandémie (84 % avant la pandémie).
• La moitié des décès d’adolescents et de jeunes adultes liés aux opioïdes étaient attribuables à des stimulants, y compris la cocaïne et les méthamphétamines, et un adolescent ou jeune adulte décédé sur huit était en situation d’itinérance.
• Environ 50 % seulement des adolescents et des jeunes adultes qui sont décédés d’une cause liée aux opioïdes avaient obtenu un diagnostic de trouble d’usage d’opioïdes (TUO). Par comparaison, dans l’ensemble de l’Ontario, environ les deux tiers des décès liés aux opioïdes ont touché des personnes ayant un TUO. Cela indique qu’une proportion plus élevée des décès d’adolescents et de jeunes adultes touchent des personnes ne consommant pas régulièrement des opioïdes. Cela peut poser des risques, car les personnes qui prennent des drogues de façon récréative n’ont souvent pas développé une tolérance aux opioïdes et sont à risque accru de toxicité si l’offre de drogues est imprévisible.
• Chez les adolescents et les jeunes adultes ayant un TUO qui sont décédés d’une cause liée aux opioïdes, environ un tiers seulement avaient reçu un traitement au cours de la dernière année (37,1 %) par comparaison à presque la moitié des adultes de 25 à 44 ans (48,6 %).
• Dans la semaine précédant le décès lié aux opioïdes, un adolescent ou jeune adulte sur quatre a eu un contact avec le système de soins de santé. Cela souligne que les professionnels des soins de santé ratent des occasions de discuter de l’usage d’opioïdes et des possibilités de traitement avec les patients.

Le rapport conclut en demandant une approche à volets multiples pour atténuer la crise des opioïdes chez les jeunes.