Épidémie de salmonellose causée par les dragons barbus

SPO à l’œuvre

5 mars 2024

Une enquête conjointe Canada-États-Unis, menée par Santé publique Ontario, l’Agence de la santé publique du Canada et les Centers for Disease Control and Prevention (CDC), a révélé un lien causal dans l’épidémie de salmonellose survenue entre 2021 et 2022 et qui a touché de manière disproportionnée de nombreux nourrissons en Amérique du Nord.

Au total, 14 cas de Salmonella Vitkin ont été signalés, 12 aux États-Unis et deux en Ontario. Si les cas de salmonellose chez l’humain sont assez fréquents, certaines souches, notamment celles que l’on trouve chez les reptiles tels que les lézards, les serpents et les tortues, sont rares.

La Dre Katherine Paphitis, spécialiste des zoonoses entériques pour Santé publique Ontario, ainsi que plusieurs autres partenaires en santé publique, ont utilisé des données de séquençage du génome entier pour déterminer la nature de la souche de l’épidémie. La source s’avérait être des foyers où les gens gardaient des dragons barbus comme animaux de compagnie. L’article de recherche sur l’épidémie, qui présente les résultats de l’enquête et de l’épidémiologie, a été publié le mois dernier dans la revue Emerging Infectious Diseases des CDC.

Nous nous sommes entretenus avec la Dre Paphitis pour en savoir plus sur les principaux résultats de l’étude et les découvertes singulières qui en découlent :


Quelle importance revêt cette étude?

Le sérotype du genre Salmonella mise au jour par cette enquête étant rare en Amérique du Nord, nous disposons de peu d’information concernant les expositions potentiellement causales.

Après avoir découvert que les dragons barbus étaient la source de cette épidémie, nous avons jugé important de partager cette information avec la communauté scientifique, à la fois pour contribuer à l’ensemble de la littérature publiée sur la salmonellose et l’attribution de la source, et pour fournir à ceux qui pourraient être confrontés à ce sérotype une ressource pour la conduite de l’enquête sur les cas humains et la prise en charge des épidémies.

En outre, je pense que cette épidémie a mis en évidence l’importance et les avantages de la collaboration transfrontalière avec nos partenaires américains en matière de santé publique. Cette collaboration fut déterminante pour cette enquête en particulier.

Quels sont les principaux enseignements tirés de l’étude?

Les principaux enseignements sont doubles : tout d’abord, cette épidémie a vraiment montré comment la collaboration et la communication transfrontalières et entre organismes peuvent contribuer à cerner et à étudier les épidémies qui pourraient échapper aux méthodes de surveillance habituelles.

Deuxièmement, l’étude a rappelé l’importance de la sensibilisation des propriétaires d’animaux de compagnie, en leur permettant de choisir en toute connaissance de cause le type d’animal qu’ils décident d’accueillir dans leur foyer, et de savoir quoi faire chez eux pour minimiser le risque d’infection.

Quelles découvertes uniques l’étude a-t-elle permis de faire, le cas échéant?

Je m’intéresse particulièrement aux voies de transmission des maladies zoonotiques qui pourraient passer inaperçues. Je pense que cette épidémie a montré à quel point il importe de renseigner les propriétaires de dragons barbus sur le mode de transmission de la salmonellose des reptiles aux humains, afin qu’ils puissent prendre des mesures pour empêcher le passage de la bactérie de leurs animaux de compagnie aux membres de leur foyer.

Dans cette épidémie, nous soupçonnons qu’une transmission indirecte de l’infection a pu se produire par contact entre des personnes et des nourrissons à cause de vêtements contaminés, ou par contact avec des surfaces contaminées à l’intérieur de la maison. Si les propriétaires de dragons barbus ne sont pas conscients de ce risque, ils peuvent oublier de changer de vêtements après avoir tenu leur reptile et avant de tenir un enfant, ou ils peuvent laisser leur dragon barbu errer sur les comptoirs de cuisine ou d’autres surfaces qui peuvent être plus difficiles à nettoyer.

Quels conseils donneriez-vous aux gens qui envisagent d’adopter un dragon barbu comme animal de compagnie?

Les animaux de compagnie occupent une importante place dans de nombreux foyers. Certains reptiles, dont les dragons barbus, sont de plus en plus prisés à cet égard. J’invite les propriétaires potentiels et actuels d’animaux de compagnie à bien se renseigner avant d’accueillir un nouvel animal dans leur foyer.

Il est également important que les gens s’informent sur les risques associés à un animal donné et de choisir en connaissance de cause le type d’animal de compagnie qui leur convient, à eux et aux autres membres de leur foyer, y compris les mesures à prendre pour minimiser le risque de transmission de maladies des animaux de compagnie aux humains et vice versa, afin que tous restent en bonne santé.

Comment les propriétaires d’animaux exotiques peuvent-ils prévenir les infections?

Tout d’abord, il est important de savoir que certains animaux exotiques, tels que les reptiles, peuvent être porteurs de la bactérie Salmonella et d’autres bactéries, et que les propriétaires d’animaux et les autres membres de la famille peuvent y être exposés par contact direct ou indirect.

Pour minimiser le risque d’exposition :

  • Toute personne manipulant des reptiles, leur litière, leur nourriture ou leur habitat doit ensuite se laver les mains à l’eau et au savon.
  • Réservez des bols de nourriture et d’eau pour votre animal, et lavez-les séparément de ceux utilisés par les autres membres de la famille.
  • Évitez de laisser votre animal se déplacer librement sur les surfaces qui ne peuvent pas être nettoyées et désinfectées; idéalement, ne les laissez jamais sur les comptoirs de cuisine ou de salle de bains, afin d’éviter toute contamination croisée.

Ce qu’on observe parfois, c’est que les gens considèrent généralement leurs animaux de compagnie comme des membres de leur famille, et qu’ils peuvent donc repousser certaines des limites habituelles pour les animaux sauvages par exemple. Ils auront donc plus tendance à laisser leur animal leur lécher le visage, manger dans leur assiette ou dormir dans leur lit, autant d’éléments qui peuvent accroître le risque d’exposition.

Pour en savoir plus sur les travaux de la Dre Paphitis, consultez l’article de la revue Emerging Infectious Diseases Journal et les principales sources d’information médiatique ci-dessous :

Pour plus d’information, veuillez consulter les pages Salmonellose et Actualités du site de SPO.

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Publié le 5 mars 2024