La modification des lignes directrices quant à la fréquence du test Pap a entraîné une réduction du dépistage et du diagnostic de la chlamydia

Communiqué

11 juill. 2017

Une récente étude menée par Santé publique Ontario (SPO), l’Institute for Clinical Evaluative Sciences (ICES) et l’hôpital Mount Sinai a permis de constater que les changements apportés aux directives relatives au dépistage du cancer du col de l’utérus avaient eu une conséquence imprévue : du fait de ces changements, il n’y a pas eu de dépistage ni de diagnostic d’infections à Chlamydia chez des milliers de femmes. Le rapport de l’étude et la synthèse qui en a été communiquée aux médias viennent d’être publiés dans l’édition du 10 juillet des Annals of Family Medicine (en anglais).

En mai 2012, on a apporté des changements aux un test Pap tous les trois ans à partir de leurs 21 ans. Avant 2012, il était recommandé qu’elles subissent un test Pap annuel trois ans après leurs premières relations sexuelles. Durant ce test, il était courant que les médecins effectuent également un frottis de dépistage d’infections transmissibles sexuellement comme la chlamydia, qui est celle la plus répandue en Ontario et dans le monde entier. À partir des données de surveillance épidémiologique recueillies par SPO, on a observé une tendance à la hausse dans le nombre de cas de chlamydia au cours des 10 dernières années.

Deux ans après la modification des lignes directrices ontariennes sur le dépistage du cancer du col de l’utérus, des chercheurs ont constaté une réduction du dépistage des infections à Chlamydia chez les femmes, et que celle-ci était plus importante chez celles âgées de 15 à 19 ans. Cette réduction du dépistage coïncidait avec la diminution du nombre de cas d’infections à Chlamidia signalés dans ce segment de population. Par contre, chez les hommes du même groupe, l’incidence de la chlamydia n’avait pas changé en dépit d’un dépistage accru.

« La plupart des infections à Chlamydia sont asymptomatiques chez les femmes et pourtant, celles-ci sont disproportionnellement affectées par les complications qui s’ensuivent. Les infections à Chlamydia non traitées peuvent entraîner une atteinte inflammatoire pelvienne, une grossesse extra-utérine, l’infertilité et des maladies chez le nouveau-né » a expliqué la Dre Michelle Naimer, coauteure principale de cette étude. La Dre Naimer est médecin de famille au sein de l’équipe de santé familiale universitaire de l’hôpital Mount Sinai, qui fait partie du Sinai Health System. « Lorsque nous avons entrepris cette étude, notre objectif était de découvrir l’impact que les changements apportés au programme ontarien de dépistage du cancer du col de l’utérus pouvaient avoir, le cas échéant, sur les autres problèmes de santé habituellement dépistés durant un test Pap, » a-t-elle ajouté.

« Du point de vue de la santé publique, il est important de s’assurer que les cas de chlamydia soient diagnostiqués afin d’en limiter la propagation ainsi que les effets pouvant survenir à long terme en l’absence de dépistage et de traitement, a déclaré le Dr Jeff Kwong, scientifique travaillant pour l’ICES et SPO, et coauteur principal de l’étude. Cela est particulièrement vrai chez les jeunes femmes de moins de 21 ans susceptibles d’être exposées à la chlamydia si elles ont des relations sexuelles et pour lesquelles le dépistage du cancer du col de l’utérus n’est plus recommandé. L’étude montre que les femmes devraient subir un test de dépistage de la chlamydia en fonction du risque encouru, peu importe si elles doivent, ou non, subir un test Pap. »

Selon les estimations des auteurs, ce sont 2 726 cas d’infections à Chlamydia de moins par an que l’on a dépistés au cours des deux années qui ont suivi la modification des lignes directrices. Cela a des implications importantes pour la santé, en particulier pour celle des jeunes femmes qui ne présentent habituellement aucun symptôme. Les chercheurs espèrent qu’en sensibilisant davantage le public à la nécessité, pour les jeunes femmes ayant des relations sexuelles, de subir un test de dépistage de la chlamydia, et à la disponibilité d’un simple test d’urine à cet effet, on parviendra à un dépistage plus important chez les jeunes femmes.

Pour cette étude qui portait sur toute la population ontarienne âgée de 15 à 29 ans pour la période de mai 2010 à juillet 2014, les chercheurs se sont servi de données de l’ICES provenant de la facturation des médecins pour dénombrer les tests Pap et les tests de dépistage de la chlamydia, et des données de SPO pour dénombrer les analyses de laboratoire réalisées pour le dépistage de la chlamydia et les cas de chlamydia signalés. L'équipe ayant réalisé l'étude se composait de chercheurs de SPO, de l'ICES, de l'hôpital Mount Sinai, de l'Université de Toronto, de l'hôpital St. Michael's et du Réseau universitaire de santé.

Faits en bref :

  • Les infections à Chlamydia sont en augmentation en Ontario. De toutes les maladies infectieuses à déclaration obligatoire, la chlamydia est celle qui affiche le nombre de cas le plus élevé dans la province.
    • On y a signalé 41 829 cas de chlamydia en 2016; en 2015, on en avait signalé 39 037; en 2014, 35 987 cas, et, en 2013, 34 684. En 2006, le nombre de cas de chlamydia signalés en Ontario était de 22 409.
  • Deux ans après la modification des lignes directrices sur le dépistage du cancer du col de l’utérus, le dépistage de la chlamydia chez les femmes a chuté de 26 % dans le groupe des 15 à 19 ans et de 18 % dans le groupe des 20 à 24 ans.
  • Durant cette même période, le nombre de cas de chlamydia détectés a chuté de 17 % chez les jeunes femmes de 15 à 19 ans, et de 14 % chez celles de 20 à 24 ans.

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Santé publique Ontario est une société de la Couronne vouée à la protection et à la promotion de la santé de l’ensemble de la population ontarienne, ainsi qu’à la réduction des inégalités en matière de santé. Elle met les connaissances et les renseignements scientifiques les plus pointus du monde entier à la portée des professionnels de la santé publique, des intervenants en santé de première ligne et des chercheurs. Pour connaître les dernières nouvelles de SPO, suivez-nous sur Twitter : @publichealthON.

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Mis à jour le 11 juill. 2017