Recherche à l’œuvre : La Dre Vanessa Allen

SPO à l’œuvre

12 janv. 2017

Sa recherche sur la gonorrhée résistante aux médicaments

La Vanessa AllenreD savait que la gonorrhée, la deuxième infection transmissible sexuellement la plus rapportée en Ontario et en Amérique du Nord, présentait un sérieux problème. Depuis des années, la microbiologiste de SPO avait remarqué sa capacité de développer une résistance au plus récent médicament prescrit pour la traiter. « Les rapports de cas d’échec clinique provenant du Japon et de l’Europe, et les profils émergents de résistance identifiés en laboratoire étaient une source de préoccupations, explique la Dre Allen. Ils indiquaient que l’efficacité de la céfixime, un comprimé de la dernière classe d’antibiotiques efficaces contre la gonorrhée – les céphalosporines –, était menacée. »

La résistance antimicrobienne au gonocoque (Neisseria gonorrhoeae), l’agent causal de la gonorrhée, préoccupe les experts depuis l’introduction de la pénicilline dans les années 1940. Si elle n’est pas traitée, la gonorrhée peut entraîner une multitude de complications, dont une atteinte inflammatoire pelvienne, l’infertilité et une infection disséminée. Selon la Dre Allen, la perte d’efficacité successive des antimicrobiens utilisés précédemment pour le traitement de la gonorrhée, y compris les composés à base de sulfonamide, la pénicilline, les tétracyclines, la spectinomycine et les fluoroquinolones, signifie que les céphalosporines constituent l’ultime produit pharmaceutique offert sur le marché qui soit recommandé pour le traitement de la gonorrhée.

Aux laboratoires de recherche sur les infections transmises sexuellement de SPO, la Dre Allen et ses collègues ont mené une étude novatrice en collaboration avec la Hassle Free Clinic de Toronto et le Laboratoire national de microbiologie, situé à Winnipeg. Ils ont évalué l’efficacité clinique de la céfixime dans le contexte du traitement de la gonorrhée à la lumière de la hausse de la résistance identifiée par les laboratoires de SPO. Leurs recherches ont pris la forme d’une étude de cohorte rétrospective de cas d’infection à gonocoque à culture positive repérés dans une seule clinique de santé sexuelle (la Hassle Free Clinic de Toronto) qui mène systématiquement des tests de contrôle post-traitement. La cohorte était composée de patients ayant reçu un diagnostic d’infection à gonocoque à culture positive entre le 1er mai 2010 et le 30 avril 2011, puis ayant été traités à la céfixime, conformément aux lignes directrices de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC).

Les conclusions de l’étude confirment ce que craignait la Dre Allen et d’autres chercheurs, soit que l’échec clinique du traitement à la céfixime était relativement courant, s’élevant à près de 7 p. 100 parmi les patients à l’étude. De plus, des 133 isolats, 28 présentaient une susceptibilité réduite en laboratoire.

Pourquoi cela est-il également important? Cela démontre que les échecs cliniques touchent également les souches que l’on croyait susceptibles aux antibiotiques, et donne à penser que la question de la gonorrhée résistante à la céfixime est probablement plus problématique que le laissaient entendre précédemment les organisations nationales et internationales comme l’ASPC, les Centers for Disease Control (CDC) des États-Unis et l’Organisation mondiale de la Santé. Les résultats de l’étude, jumelés aux conclusions tirées préalablement par la Dre Allen aux laboratoires de SPO, suggèrent une réévaluation du recours continu à la céfixime.

Le Journal of the American Medical Association a publié les résultats de l’étude en janvier 2013. Notamment, cette étude présente la première série d’échecs cliniques de la céfixime dans le traitement de la gonorrhée en Amérique du Nord, identifiée à l’aide de stratégies concomitantes de détection du gonocoque par cultures en laboratoire et de tests systématiques de contrôle post-traitement. Le rapport d’étude complet, intitulé Neisseria gonorrhoeae Treatment Failure and Susceptibility to Cefixime in Toronto, Canada et produit par Allen VG, Mitterni L, Seah C, Rebbapragada A, Martin IE, Lee C, Siebert H, Towns L, Melano RG et DE Low, peut être consulté à l’adresse :  
http://jama.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=1556149

La Dre Allen et son étude ont retenu l’attention de médias canadiens et étrangers, y compris le Canadian Press, le Globe and Mail, Thomson-Reuters et le The Daily Mail (R.-U.).

Outre cette couverture médiatique, les conclusions de la chercheuse ont suscité un intérêt considérable du milieu de la santé publique en Amérique du Nord. La Dre Allen a été invitée à contribuer à la réévaluation des valeurs seuils cliniques de résistance du gonocoque aux céphalosporines menée par le Clinical Laboratories Standards Institute, dirigé par les États-Unis. Elle a également eu l’occasion de collaborer de façon continue avec l’ASPC et les CDC à la résolution de l’important problème que constitue la gonorrhée résistante aux céphalosporines. 

En s’inspirant de ses travaux, la Dre Allen et ses collègues de SPO ont élaboré de nouvelles lignes directrices cliniques sur la gestion de la gonorrhée en Ontario en collaboration avec le ministère de la Santé et des Soins de longue durée. Ces lignes directrices, qui sont semblables à celles produites par les CDC et ont été rendues publiques en avril 2013, conseillent les cliniciens sur la façon de traiter l’infection au moyen d’une injection intramusculaire ou d’un comprimé oral. « Un jour, j’espère que nous pourrons prévenir la transmission continue de cette infection et l’accroissement de sa résistance aux médicaments. D’ici là, cependant, notre objectif est de fournir aux cliniciens les bons outils diagnostiques et aux patients les traitements les plus efficaces », conclut la Dre Allen.

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Mis à jour le 12 janv. 2017